Pourquoi Lady Gaga ? Éclipser les préjugés.

Put ur paws up, kill the bitch, born this way, hey I'm Lady Gaga. Une popstar encore. Mais alors qu'est-ce qui la différencie de Rihanna, Jennifer Lopez et autres Katy Perry ? 

Son passé peut-être : la petite italienne se maquille comme une poule de luxe et se fait traiter de salope par ses camarades du couvent du Sacré Coeur, se shoote à la cocaïne pour imiter Andy Warhol, tente de se faire un nom dans les bars underground, écrit au passage quelques titres pour Brit-Brit et les Pussycat Dolls, démarche les maisons de disque autant qu'elle peut ; on ne la laisse pas encore chanter. Elle n'est pas assez jolie, trop intello avec son encombrant piano, pas assez New-Yorkaise ? Envoûtant pourtant était "Captivated" : 

Qu'à cela ne tienne, alliée à Lady Starlight, pro du rétro trash, elle créée l'Ultime Show Rock Burlesque. 

Les deux copines courent les festivals,  laissent au passage un tas de photos d'elles deux, se trimballant en bikini et talons hauts, un air certain de Gay Pride, de Madonna période punk, voir Fredie Mercury, et même en cherchant bien, Dita Von Teese. 

Les critiques sont bonnes, et après maintes complications, Stefani Joanne Angelina Germanotta signe sur le label d'Akon.

Oui elle signe mais ne vend pas son âme : contrairement à tant d'autres elle exige de continuer à écrire ses chansons, choisi son producteur, monte à elle seule une véritable entreprise (Haus of Gaga), collabore de très prés à la création des costumes, chorégraphies, clips, et trouve son soutien dans sa solide base de fans, ses petits monstres, ajoute des chansons en piano-voix sur ses albums ("Again Again" sur "The Fame", "Speechless" sur "The Fame Monster").

Et présentant des hymnes pop jouissifs, prenants, entraînants, originaux, une esthétique soignée, travaillée dans les moindres détails, un calibrage parfait, d'excellentes compositions qui se vérifient lorsqu'elle attaque Paparazzi ou Poker Face en acoustique. 

Et puis la petite reine de la pop, derrière tous ses artifices, véhicule un message :

"Fais tout pour rester toi-même, un amour différent n'es pas un péché. Si les handicaps de la vie t'ont laissé exclu, intimidé ou agacé, réjouis-toi et aimes-toi tel que tu es aujourd'hui, car tu es né comme ça chéri ! Et si jamais et bien peu importe que tu sois gay, hétéro, ou bi, lesbienne, transexuel, tu es sur la bonne voie chéri, crois-moi tu es né pour survivre. Peu importe noir, blanc ou métisse, conçu chola ou oriental, tu es sur la bonne voie chéri, tu es né pour être courageux. Alors... Lève juste tes griffes en l'air, il n'y a pas de mal à aimer ce que tu es, garde la tête haute et tu iras loin : oh oui tu es parfait à ta manière, car Dieu ne fait pas d'erreur, ainsi tu es sur la bonne voie, tu es juste né comme ça !"

Des propos maintes fois répétés, et qui pourtant en ces temps d'intolérance, restent appréciables. 

Sur son 3ème album, ces bonnes paroles sont servies par sa voix, reconnaissable entre 1 000, puissante, assurée, au vibrato ni forçant ni forcé, voix au timbre de blues qu'elle maîtrise parfaitement, passant avec une aisance quasi insultante du grave le plus profond à l'aigu le plus pur.

Aussi c'est sans problème qu'elle enchaîne duo avec Tony Bennett pour un titre soul (!) et morceaux plus rock que pop, "Yoü and I" par exemple, chanson agrémentée d'un clip aussi déroutant que chargé de références. 

Et enfin, la Lady a une personnalité, une vraie, du genre pas prête à se laisser marcher sur les pieds :

Dernièrement, elle revient au brun, ouvre son propre réseau social (littlemonsters.com) et annonce la sortie d'"Art Pop", prochain album de sa carrière, qui, que cela vous plaise ounon, est faite pour durer. N'est pas bosseur, acharné, ambitieux, qui veut.  Stefani n'a pas volé sa place et nombre de ses compositions en témoignent :  " Poker Face", "Paper Gangsta", "Brown Eyes", "Summerboy", "Alejandro", "Teeth", "Hair", "Electric Chapel", "Heavy Metal Lover", "Highway Unicorn"... La machine de guerre est lancée, et n'est pas encore là qui saura l'arrêter.

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